Faculté des sciences

Pourquoi une série sur la géologie des massifs grenoblois ? Post covid, prise de conscience sur l’écoresponsabilité, faire de la recherche moins loin devient une priorité. Et puis, quasiment aucune science n’a été faite pendant 40 ans sur ces montagnes voisines. Face au réchauffement climatique, l’objectif est aussi de ne plus restreindre la montagne à une station de ski. Enfin, les moyens analytiques arrivent à ISTerre avec un gros financement européen (le projet ERC MEET), qui permet l’installation d’une plateforme aux technologies de pointes, pour analyser des grains roches à l’échelle du micromètre et dater des roches de 500 millions d’années, soit le début de la vie sous sa forme moderne. Ces nouvelles technologies vont permettre de mieux comprendre la formation géologique de Chamrousse, jusque-là mal connue. Dans ce contexte, débute en octobre 2023, la thèse de Maureen Gunia qui devrait aboutir à un modèle qui nous raconte l'histoire de Chamrousse.

Focus sur la géologie de Chamrousse : 4 épisodes sur 5

Ce qui a motivé la création de cette série vidéo c'est avant tout le caractère exceptionnel de Chamrousse au niveau géologique. Avoir un fond océanique perché au sommet d'une montagne c'est incroyable. Dans le panorama français, il en existe peu. Nous sommes sur la croûte continentale, et on trouve des roches océaniques, c’est déjà une forme d’anomalie. En plus, la géologie de Chamrousse est inversée, plus on monte et plus on va en profondeur. Par ailleurs, en France, les roches sont en général plus jeunes que 350 millions d'années. À Chamrousse, à la base on observe des roches de 500 millions d'années et au sommet des roches plus récentes de 350 millions d'années. Il y a un saut temporel de 150 millions d'années, ce n'est pas rien et ça c’est la nouveauté. L’un des objectifs de la série c’est de partager les connaissances en géologie avec les Grenoblois et leur apprendre que cette montagne où ils vont se promener, se baigner, ou encore skier, est un objet géologique exceptionnel. Mais aussi d'attirer les scolaires vers la géologie car on observe un déclin des effectifs de la filière Sciences de la Terre et Environnement. Or c’est un enjeu capital de comprendre la géologie de notre planète pour agir sur l’environnement.

Une rencontre déterminante et une aventure de 2 ans

Lors des Rencontres Montagnes & Sciences 2022, Émilie rencontre Dorothée Adam, la productrice de la société Inuaprod qui est tout de suite intéressée par le sujet. À l’issue du festival, elles montent ensemble le dossier pour un financement Idex. Une fois le financement obtenu, le travail sur les scripts débute en mai 2023, puis le tournage se déroule début juillet. Enfin la partie montage, production s’étend jusqu’en décembre. La partie diffusion est en cours notamment grâce aux deux stagiaires de Master 1 Communication et culture scientifique et technique à l’UGA, Mélie Radufe et Leïla Dufresne. L’objectif de leur stage : identifier et aller à la rencontre des acteurs de notre territoire potentiellement intéressés (festivals, médias, etc.) et aussi à l'échelle nationale (support d’enseignement, etc.). La série vidéo a déjà été présentée par Maureen Gunia lors du festival Pint of Science à Grenoble en mai 2024.

5 thèmes en 1’30 pour faire comprendre la géologie au plus grand nombre

Le public cible de la série est large, il s’agit notamment des randonneurs et jeunes Grenoblois, mais cette série vidéo doit aussi servir de support pédagogique pour les étudiants en géologie. Le format de 1’30, c'est une idée de la réalisatrice. Dans cette ère du scroll, il est bien souvent préférable de privilégier des formats courts qui ont plus de répercussions. Le choix des sujets n’a pas été facile au moment de cadrer le projet. Il aurait pu y avoir d'autres thèmes, mais il aurait fallu avoir plus de chercheurs impliqués car c'est un gros investissement en termes de travail et de temps. Ce qui a pris le plus de temps, ce sont les allers-retours entre les équipes scientifiques et la réalisatrice pendant le montage. Dans les premières ébauches des vidéos, il y avait des schémas qui ne correspondaient pas du tout scientifiquement. Il a fallu beaucoup interagir pour être le plus juste possible.
Suivre un projet de création vidéo à toutes ses étapes, de la rencontre avec la réalisatrice à l’encadrement de stages de communication, pose plein de questions, c’est super intéressant. Pour une première fois, c’est une réussite. Pour l'instant, alors que la phase de diffusion ne fait que commencer, les 5 vidéos cumulent déjà près de 3000 vues sur YouTube.

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